Pour ne pas qu'on m'efface - À venir le 7 avril 2023
Je suis terrifiée à l'idée de tomber dans l'oubli. Je ne suis probablement pas la seule. Je pense qu'il y en a surement d'autres parmi nous qui ont peur de ne jamais en faire assez, d'être effaçable, remplaçable. D’être une paire de lunettes démodée, un morceau de linge qui ne fait plus, une chanson qu’on a trop entendue. Une personne de trop à comprendre.
D’avoir peur d’être oublié.e nous force à trouver des moyens pour ne pas l’être. Chez moi, il en découle un sentiment d'obligation envers autrui, un espèce de besoin d’abdiquer, de tone down mes traits de personnalités qui dérangent, et devenir une zone grise qu’on ne peut pas critiquer. Si je sers autrui, si je respecte autrui, si j’évite de critiquer autrui… autrui va m'aimer en retour, right?
Je suis certaine de ne pas être la seule à avoir eu l'impression de devoir jouer un rôle pour pouvoir convenir, appartenir à un groupe X, atteindre l'importance Y et vivre l'opportunité Z.
Peut-être que je suis la seule à ressentir aussi vivement la trahison, celle qu’on s’impose à soi-même quand on se demande de devenir quelqu’un.e d’autres pour avoir du succès.
Je sais que j’ai choisi un métier qui a ses libertés, et pas vraiment d'échelons clairs à gravir. D’ailleurs, comment est-ce qu’on la monte, l’échelle du succès, quand y’a des stepettes qui se désagrègent sous le poids de celles et ceux qui l’ont montée avant nous? Si on regarde l’industrie culturelle en ce moment, je te dirais que l’échelle ressemble pas mal plus à un problème d’escalade, genre une V7 avec un dyno comme départ.
Rajoute là dessus la pression de performer, d'être toujours meilleure, de cocher toutes les cases dans l'industrie la plus subjective et exigeante que je connais. La pression de booker des shows dans des calendriers pleins.
La pression de sortir des chansons dans un climat pour le moins continuellement éphémère.
La pression de poster des photos non stop sur les réseaux sociaux, les dents blanches, les rides invisibles et la pose parfaite.
La pression de toujours rester pertinente, et de rester belle et jeune pour toujours même si, chaque jour, je vieillis.
Je déteste faire des erreurs.
Longtemps j’ai pensé que si je ne recevais pas l’appréciation des autres, j’étais un échec.
Mais aujourd'hui, je reconnais le succès, mon succès, dans la franchise de ma parole, dans le respect de mes convictions, et dans la valorisation de mon processus créatif.
Et vous, vous reconnaitrez tout ça dans "Pour ne pas qu'on m'efface", le vendredi 7 avril prochain.
Ce sera, franchement, un grand succès, je le sais déjà.