Ceci est le premier article de ce que j’espère être une longue lignée hétéroclite de publications. Je crois que j’ai toujours voulu être une personne aussi bavarde par écrit qu’à l’oral, mais malheureusement, j’ai plus souvent qu’autrement trouvé effrayant le fait de mettre noir sur blanc ce qui se dit si rapidement.
“Les paroles s’envolent, les écrits restent”. Aussitôt dit, aussitôt envolé, et les erreurs de discours passent dans le beurre de l’instant présent - il est alors tentant de dire plus souvent qu’écrire. Parce qu’écrire, c’est approfondir, réfléchir, corriger, avancer, reculer, évaluer, apprendre, et changer. C’est aussi immuable une fois publié: on ne peut revenir en arrière, on doit faire face aux erreurs. Les erreurs sont pourtant formatrices, elles nous démontrent ce qui marche, et surtout, ce qui ne fonctionne pas. Elles nous permettent d’admettre avoir tort, d’apprendre à avoir raison, et d’arborer une ouverture d’esprit renouvelée.
Certaines erreurs prennent seulement quelques secondes à se révéler, alors que d’autres ont besoin de temps pour devenir visibles. Il y a des erreurs évidentes, comme par exemple nommer un immense bateau “Titanic 2”, et des erreurs latentes, telle que choisir un pseudonyme qui ne peut pas grandir, maturer, ou évoluer avec la personne qui le porte. C’est de cette erreur que j’aimerais vous parler aujourd’hui.
Nombre d’entre vous me connaissent sous le nom de La Carotte Polaire. C’est un alias que j’ai choisi en 2016, alors que je sortais mes premiers morceaux, et que j’avais grand besoin de me démarquer sur la scène artistique québécoise. Je ne voulais pas m’appeler par mon vrai nom, j’avais besoin de créer cette distance entre ma personnalité de tous les jours et ma personnalité de scène, et, de toute façon, j’avais toujours trouvé que mon propre nom n’était pas très showbiz.
La Carotte Polaire a été extrêmement prolifique pour moi au début de ma carrière. Quand j’ai sorti mon premier album, j’étudiais simultanément en Music Business Administration, pour pouvoir mieux comprendre comment commercialiser de la musique et la promouvoir. J’y ai aussi appris les bases pour construire une marque de commerce, et déjà, La Carotte Polaire m’offrait beaucoup de réponses faciles. C’est un nom original, qui marque les esprits, facile à retenir, unique, que personne d’autre avait (et que, probablement, personne d’autre n’aura) et qui était très facile à brander. Pour une artiste indépendante qui n’avait, à ce moment-là, aucune idée de comment vendre et marketer un projet artistique, c’était une mine d’or inexploitée.
Le problème avec les mines, c’est que leurs ressources sont limitées, invariables et non-renouvelables.
Après 7 ans à être La Carotte Polaire, la mine d’or s’est épuisée. Au lieu d’ouvrir des portes, le pseudonyme est lentement mais sûrement devenu une cage. Une cage où l’oiseau que je suis chantait encore, mais dont le chant était maintenant limité à cette cage et ses environs. Qu’on se comprenne bien - c’est une cage que j’adorais (et que j’aimerai toujours), et qui m’était extrêmement confortable, puisqu’elle me protégeait de ma propre vulnérabilité, tout en protégeant cette dernière des autres.
Sauf qu’il est difficile d’être authentique lorsqu’on se refuse à être vulnérable.
Ardu d’être vulnérable lorsqu’on se cache derrière un nom.
Difficile d’être plus qu’un nom lorsque celui-ci nous encadre de partout.
Mon dévouement et mon attachement à La Carotte Polaire était ma plus grande force, et c’est graduellement devenu ma plus grande faiblesse. Comme si, avec le temps, c’est le nom qui a commencé à leader la patente: au lieu de servir la musique, il se servait lui-même en oubliant l'œuvre et l’artiste derrière.
J’ai d’abord cru que c’était une béquille: dans le doute que je sois une personne assez intéressante pour me proclamer artiste, au moins La Carotte Polaire, elle, était intéressante. Mais en fait, mon pseudonyme est devenu une barrière, une façade, un mur pour empêcher les gens de découvrir qui je suis, parce qu'à un moment imprécis dans mon parcours, je me suis persuadée que JE ne suis pas une personne intéressante alors que je suis beaucoup plus intéressante qu’un simple nom extravagant.
Au-delà de multiples autres raisons, j’ai décidé de changer de nom pour déconstruire ce mur.
Et ainsi devenir Gladysse.
- Gladysse? Ce n’est pas ton vrai nom, pourtant!
Changer un nom qui n’est pas le mien pour un autre nom qui n’est pas le mien tout en clamant vous dévoiler ce que je suis avec ce prochain nom d’artiste? C’est relativement absurde, je l’admets. Absurde, mais vrai.
En comparaison avec l’absurdité de la misogynie en ligne, et le peu de respect que portent les internautes pour la vie privée de chacune et chacun, je trouve beaucoup plus fou de porter mon vrai nom. De toute façon, l’objectif de ce nouveau pseudonyme, c’est de me dévoiler à vous avec plus d’honnêteté, et si on se fie à la quantité de faux comptes qui pullulent sur les réseaux sociaux, l’anonymat est le meilleur ami de la franchise (et de l’intimidation, mais ce n’est pas dans mes projets - j’ai mieux et trop à faire).
Donc, la suite est très simple à suivre autant pour vous que pour moi: création et écriture de chansons, production de singles et d’albums, et organisation de shows pour vous retrouver avec cette nouvelle identité. Un nouveau blog, pour nous rapprocher, pour commencer à me dévoiler à vous sans mon fameux mur. De nouvelles idées prendront forme avec le temps, vous n’aurez qu’à suivre le flow et en profiter.
Techniquement, pour vous, il y a pas grand chose qui change. Les pages Facebook et Instagram de La Carotte Polaire deviendront Gladysse au tournant de 2023. Le site web www.lacarottepolaire.com deviendra www.gladysse.com. Toute la musique de La Carotte Polaire restera en ligne sous le nom de La Carotte Polaire. Toute la musique de Gladysse arrivera sur les plateformes sous le nom de Gladysse.
J’aurai cependant besoin de votre aide, parce que je devrai repartir à 0 avec ma chaîne YouTube, mon compte Spotify, BandCamp et les autres plateformes d’écoutes, afin de bien marquer le début de l’aventure pour Gladysse. Pour l’instant, vous n’avez rien à faire de plus que de vous tenir pas loin, et de mon côté je m’assurerai de vous guider dans ce gros changement que l’on vivra ensemble.
J’aimerais terminer en remerciant toutes les personnes qui m’ont soutenu sous le nom de La Carotte Polaire et qui m’ont offert d’incroyables opportunités - grâce à vous je me suis rendue à ce moment dans ma carrière.
Surtout, j’aimerais remercier mes proches, ma famille chez Birdhouse Publishing, mon acolyte de prod Louis, mes musiciennes et musiciens, mes collaboratrices et collaborateurs, ainsi que mes amies et amis de l’industrie, qui m’ont tellement soutenu et encouragé dans ma carrière, et pendant cette réflexion.
Les derniers mois n’ont pas été faciles, j’ai dû prendre le temps de faire le deuil de mon mur, de me retrouver, de me reconstruire et c’est grâce à votre aide que je peux continuer de créer sans crainte, sans peur qu’on me dévoile.
À toustes qui se sont rendus.es jusqu’ici, merci de m’avoir lue, ça me fait du bien. N’hésitez pas à m’offrir un feedback et donner vos commentaires ici-même. J’ai hâte de vous rencontrer à nouveau, et de vous présenter de nouvelles œuvres. Merci d’être encore là.
À bientôt.